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LE MAGE IMMORTEL

Si le destin vous offrait d’immenses pouvoirs magiques, 

plus que cela, une éternité à vivre, que feriez-vous ? 

Je vous invite à retracer la vie extraordinaire de Teyrn Pendragon,

l’histoire d'un mage arpentant cette terre depuis quinze siècles. 

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Si le destin vous offrait d’immenses pouvoirs magiques, plus que cela, une éternité à vivre, que feriez-vous ? Je vous invite à retracer la vie extraordinaire de Teyrn Pendragon, l’histoire d'un mage arpentant cette terre depuis quinze siècles. De Camelot où il a vu le jour, au cœur de l’empire franc qu’il a contribué à créer, sur le continent américain avant que les premiers colons n’y posent les pieds, jusqu’aux confins du monde sous l’air des samouraïs, découvrez ses aventures. Revivez l’Histoire sous les traits de l’homme, du guerrier, de l'explorateur ou encore du leader. Plus encore, sous les trait de cet être exceptionnel.

 

LE MAGE IMMORTEL 1 : L'ÉLU DES DIEUX

 

La suite du mage immortel. 

LE MAGE IMMORTEL 2 : L'ÉLU DES HOMMES

 

La suite et fin du mage immortel. 

 

LE MAGE IMMORTEL 3 : L'ÉLU DU DESTIN

CHAPITRE OFFERT

 

 

1– ALICE

 

 

 

Banlieue de Londres,

De nos jours,

 

Au centre de la piste de cette boîte de nuit se trouve une femme. Une parmi tant d’autres, mais pour elle la nuit va prendre un tournant bien différent de ce qu’elle avait imaginé. Un tournant aussi violent que mystérieux. Son nom est Alice. Elle est tout simplement heureuse, ce soir : elle danse. Les yeux clos, elle est totalement portée par la musique, indifférente à tout ce qui se passe autour d’elle. Elle oublie tout, jusqu’à la présence de ses deux amies ; jusqu’à la foule qui les entoure. Il est bien possible qu’en sortant de ce club elle ait quelques difficultés à entendre, tellement le son déversé par les énormes enceintes est puissant ; elle se trouve très proche de l’une d’entre elles, mais cela lui est bien égal. Elle a toujours aimé danser. Plus que cela, elle en a besoin, car cela lui permet d’oublier. C’est comme si les tracas rencontrés dans ce stage qu’elle vient de commencer n’existaient pas. Et ses difficultés financières non plus. Alice n’est pas pour autant du genre à broyer du noir, elle ne se décourage pas face à l’adversité. Elle se dit que la malchance qu’elle rencontre finira par passer. Tout finit par changer, comme le rythme de la musique électro qui s’accélère. Entraînée par cette nouvelle énergie, elle lève les bras en l’air. Ce geste décuple la sensation d’évasion, de relâchement qu’elle éprouve. Elle se déhanche avec entrain. Pour ne pas être limitée par des vêtements trop courts, trop étriqués, elle a choisi de porter un jean noir et des ballerines. Son caraco en dentelle laisse apparaître la naissance de ses seins, apportant une note sexy à sa tenue. C’est une jolie brunette de dix-neuf ans, et si elle avait ouvert ses beaux yeux en amande, ceux qui l’observent auraient pu noter la malice dont ils sont dotés. Ils auraient remarqué également qu’ils sont de la même couleur que ses cheveux rassemblés en queue de cheval haute.

Que veulent ces hommes qui l’épient avec plus ou moins d’insistance ? Certains apprécient de pouvoir observer une jolie femme, d’autres souhaiteraient bien davantage, ils voudraient pouvoir attirer son attention pour obtenir d’elle un moment d’intimité. En revanche, il n’en est rien de celui-ci, qui la fixe depuis plusieurs minutes. Il se tient dans l’une des rares zones d’ombre de cette salle éclairée par le balayage de spots lumineux. Lui non plus n’a pas choisi sa tenue au hasard. Elle doit lui permettre de se fondre dans la masse. Bien sûr, il ne peut faire oublier totalement le caractère militaire de ses vêtements avec ses rangers noirs sur un treillis de la même couleur. Seul son t-shirt bleu foncé, en grande partie masqué par la veste qu’il porte dessus, apporte une petite note de couleur. Il ne peut pas se dévêtir malgré la chaleur : sa veste dissimule le harnais entourant son torse et les armes qu’il contient.

Il attend le moment où elle quittera la piste de danse, le moment où elle s’éloignera de ses amies, de tous ces gens, ce même moment où il pourra passer à l’action. Lui, il est prêt à attendre aussi longtemps qu’il le faudra. Mais ses coéquipiers sont loin de faire preuve d’autant de patience que lui.Éclate alors la voix de l’un d’entre eux dans son oreillette :

— Tu pourrais peut-être l’attirer dehors, non ?

Malgré la musique, il arrive à entendre la note ironique de cet enfoiré de Pat. Il ne répond pas à lui ni aux autres, qui y vont de leurs commentaires sur la façon de s’y prendre pour accélérer la situation − visiblement, ça manque d’action. Finalement, il lui faut les faire taire.Appuyant d’un doigt sur son oreillette, il lance son ordre :

— Silence.

Les voix se taisent, ne reviennent pas. Ils savent qu’ils ne peuvent pas se permettre de lui désobéir. Il continue à fixer cette femme, la raison pour laquelle il se retrouve dans ce pays, dans ce quartier autrefois industriel de Londres. Comme tant d’autres villes du monde, les jeunes se pressent dans ces zones malfamées, passant outre l’avertissement de danger offert à leur vue avec ces rues sombres et vides et ces immeubles délabrés.

L’homme attend de frapper. Ce soir et en ce lieu, c’est lui le danger. Alice continue de danser, jusqu’à ce que ce que ses deux meilleures amies, toutes deux blondes et sveltes, finissent par s’éloigner vers le bar en l’invitant à les accompagner. En souriant, elle refuse, prétextant ne pas avoir soif : elle veut s’amuser encore. Ses amies ne reviennent pas immédiatement. Elles discutent avec les trois hommes qu’elles viennent de rencontrer au bar. De temps à autre, elles regardent du côté de la piste de danse, s’assurant qu’Alice s’y trouve toujours. Une fois, deux fois, trois fois. La jeune fille leur sourit. D’un mouvement de tête, elle acquiesce à Amanda qui vient de lui indiquer d’un regard le grand brun qui lui plaît pour avoir son avis. Elles partagent l’un de ces moments de complicité que peuvent partager des amies. Cet instant est bref, éphémère, car toutes deux se concentrent à nouveau sur ce qui les intéresse. Pour Amanda, c’est de tenter de savoir si ce Paul pourrait être enfin cet homme qu’elle espère. À défaut de pouvoir entendre tout ce qu’il lui dit, elle l’observe : un visage avenant et animé, une silhouette athlétique, le t-shirt noir qu’il porte mettant en valeur un torse et des bras musclés. Ce qui interpelle la jeune femme de vingt-six ans, ce sont ses chaussures, des sortes de rangers que portent les militaires. En est-il un ? Cela lui plairait-il d’avoir pour compagnon un homme qu’elle ne verrait pas tout le temps ? Il se penche à nouveau vers elle pour lui parler à l’oreille. Elle se met à glousser, séduite qu’il ait de l’humour, qu’il soit visiblement instruit, qu’il ne tente pas immédiatement de la toucher. Mais lorsqu’elle regarde vers la piste de danse, elle n’écoute plus cet homme qui vient d’ajouter quelque chose. Il tente d’attirer son attention, mais elle, elle cherche des yeux son amie.

De nature angoissée, elle ne peut s’empêcher d’imaginer le pire. Et puis Alice est la plus jeune des trois. Immédiatement, elle se tourne vers Délia, l’attrape par le bras avant de lui indiquer que leur copine n’est plus là.

— Sûrement aux toilettes, lui crie-t-elle avant d’ajouter, connaissant l’anxiété de son amie : viens. Moi aussi, j’ai envie d’y aller.

Elles ne laissent pas un regard en arrière vers les deux types qu’elles abandonnent au bar ; elles pourront bien s’en trouver d’autres. Délia entraîne Amanda vers l’autre côté de cette vaste pièce. Le lieu aurait pu être froid et vide, avec ses parois et ses piliers en béton, sans la présence de toutes ces lumières colorées et cette foule qu’elles éclairent. Elle pense encore que leur amie est en sûreté. Il n’en est rien, car à plusieurs mètres de là, Alice se presse, bouscule des gens sur son passage. Folle d’angoisse, elle ne désire que s’accrocher à l’un d’eux, crier qu’on lui vienne à l’aide, mais l’homme derrière elle la pousse en avant, son pistolet enfoncé dans son flanc. La jeune femme pourrait croire que ce n’est pas une vraie arme, prétendre que ce peut être tout autre chose, mais elle l’a vue lorsque, percevant quelqu’un juste devant elle, une présence immobile, elle a ouvert les yeux pour rencontrer ceux d’un homme. Et immédiatement, elle a su qu’elle était en danger. Mais alors, il a eu un mouvement, celui de baisser le regard entre eux. Par mimétisme, Alice a fait de même, et c’est là qu’elle a vu le pistolet pointé sur son ventre, et il la force à avancer à présent. Ça et la prise sur son avant-bras qui lui fait mal. Personne ne l’a touchée ainsi, pas même ses parents lorsqu’elle était enfant et qu’elle leur tenait tête. Pourtant, elle l’aurait mérité, à l’époque,car elle était pour le moins dissipée et se mettait souvent en danger sans s’en rendre compte.

Il use de brutalité pour forcer sa cible à avancer vers la sortie la plus proche qu’il a repérée, la presse avant que la peur ne se dissipe suffisamment et qu’elle réagisse. Elle pourrait tenter n’importe quoi pour alerter quelqu’un, pour se retourner contre lui, pour le fuir. Ce qui l’inquiète, plus que le fait d’être repéré ou de devoir tuer ceux qui se mettraient sur son chemin, c’est l’échec. Il ne peut se le permettre, pas avec le commanditaire qui les a engagés, lui et ses hommes. Si Thomas a pu survivre à six ans en Iraq dans l’armée américaine, avant de se reconvertir dans le privé en tant que mercenaire, il le doit certes à la chance, mais également à sa capacité d’analyse des gens. Et son client fait partie des personnes pour qui la vie humaine n’a aucun prix, y compris celle de ses propres hommes. Ces personnes-là ne peuvent être raisonnées. L’échec ne lui est donc pas permis.

Alice trottine. Ses pas sont hésitants, incertains. Toute trace de plaisir, de plénitude l’a désertée. Son visage n’exprime qu’une seule émotion : la peur. Elle trébuche, se redresse immédiatement ; la prise sur son avant-bras droit lui arrache un cri étouffé par le son ambiant. Son cœur bat si fort qu’elle pourrait presque l’entendre par-dessus le vacarme, tout ce qu’est devenue la musique pour elle. Et pourtant, lorsqu’ils quittent la pièce en pénétrant dans une cage d’escalier, elle réalise qu’elle préférerait retrouver le bruit, qu’elle a besoin de retourner en arrière, rejoindre la foule.

— 40 secondes.

Alice n’a pas le temps de réfléchir sur ce que vient de dire cet homme ; déjà il la force à descendre les escaliers. Vu la vitesse avec laquelle elle dévale les marches, elle baisse les yeux pour ne pas tomber en tentant de réfléchir à ce qu’il se passe, à comment se sortir de cette situation. Qui est cet homme, que lui veut-il ? Tout s’embrouille dans sa tête, elle est bien trop effrayée pour penser avec efficacité.

Soudain, Alice manque de tomber. En réalité, celui qui se tenait à sa droite part vers l’avant. Elle se rattrape de justesse en posant sa main gauche contre le mur avant de regarder l’individu armé s’effondrer, puis dégringoler les marches en tournant sur lui-même avant d’arriver en bas, là où il s’immobilise. Elle reste figée et le fixe sans vraiment bien comprendre ce qui vient de se passer. 

Passe une seconde, deux secondes, trois secondes...

Il ne se révèle pas, demeure inerte.

Alice prend une grande inspiration, réalisant seulement à ce moment-là qu’elle s’était retenue de respirer. Et à l’instant où elle tourne la tête en arrière, vers le sommet des marches, vers la porte qui la sépare encore de la foule, de ses amis, elle voit un autre homme. Il descend une première marche, se dirige vers elle. Déjà, Alice dévale l’escalier. Prise par la vitesse de sa cavalcade accentuée par la descente, Alice saute par-dessus le corps de l’autre individu qui l’a forcée ainsi à s’isoler et court à nouveau vers la nouvelle volée de marches. Elle s’y précipite, s’éloigne, agrippe d’une main la rambarde pour mieux amorcer le nouveau tournant avant de s’élancer vers le palier inférieur. Une porte. Là. Vite ! Elle tente de l’ouvrir, espère sortir, mais le battant métallique lui résiste. Des deux mains, elle s’acharne sur la poignée avant de tourner un regard apeuré vers l’autre homme qui descend toujours vers elle. Il est là. Elle le voit. Paniquée, elle tente à tout prix d’ouvrir cette porte qui lui résiste. Rien à faire. L’homme la rejoint. Elle recule aussi loin de lui qu’elle peut et se retrouve acculée dans un angle, cherchant du regard la direction à prendre pour le fuir et retrouver la sécurité. Elle ne sait pas ce qu’il lui veut. Qu’importe. Ce dont elle a besoin à cet instant, c’est de retrouver une personne connue, avoir la certitude que cette connaissance ne lui fera aucun mal. Lui n’est qu’un inconnu, un élément incertain dont elle doit s’écarter au plus vite. Les escaliers ? Il faudrait qu’elle se rapproche de lui. « Dois-je prendre ce risque ? » se demande-t-elle. 

Parvenu sur le palier, il ne se dirige pas vers elle, mais vers la sortie. Sans marquer d’hésitation, il pose la main sur la poignée, la tourne et la porte s’ouvre, sans lui résister. Alice ne comprend pas comment il a fait ça. Ça ne fait qu’ajouter à son trouble déjà grand. Elle sursaute lorsqu’éclatent des coups de feu, se recroqueville sur elle-même avant d’oser regarder d’où viennent les balles, et s’en protéger en évaluant leur trajectoire. Ce qui est visé, c’est la porte, celle qu’elle se désespérait d’ouvrir quelques secondes plus tôt. Les derniers projectiles frappent la paroi métallique que l’homme a eu le réflexe de refermer avant que le silence ne retombe dans la pièce. Silence seulement troublé par la respiration saccadée d’Alice. Elle observe celui qui se trouve avec elle. Hagarde, elle continue de fixer l’homme à quelques mètres de là. Caucasien. Un blouson noir sur un sweat gris à capuche qu’il porte sur la tête, ce qui dissimule en partie son visage. Elle note d’autres détails le concernant, mais ne s’y attarde pas, vu la gravité des minutes qui viennent de s’écouler. Et voilà qu’il s’approche vers elle. Mue par la peur, la jeune femme se redresse d’un bond afin de le fuir. Mais alors, il s’adresse à elle. 

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