AUTRICE DE BEST-SELLERS
DERECK MONROE
Entre traque, sexe et humour décalé, suivez les aventures
de notre agent du FBI qui ne laisse personne indifférent.
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L'agent du FBI Monroe est un de ceux qui traquent les monstres en tout genre vivant parmi nous. En tant que profiler, sa mission est de les démasquer. Or, un tueur que l'on nomme le Phoenix sévit sur le campus d'Harvard en tuant par le feu causant mort et terreur parmi la population. Entre traque, sexe et humour décalé, suivez les aventures de notre agent qui ne laisse personne indifférent.
DERECK MONROE : LES CENDRES DU PHOENIX
CHAPITRE OFFERT
Prologue
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Le monstre s'approche. Il est là, devant le garçon qui tente de se défaire de ses entraves. Il tire dessus de toutes ses forces et perçoit le frottement qui déchire la peau tendre de ses poignets. Sa mâchoire se contracte et il pince fortement les lèvres sous la douleur causée par son geste désespéré pour se libérer. Néanmoins, il continue, car il sait que s'il abandonne c'est la mort qui l'attend. L'autre, son bourreau, semble se délecter du spectacle qui lui est offert. Il ne tente même pas de le maîtriser à nouveau pour éviter qu'il ne lui échappe. L'odeur chimique du liquide, répandue par la silhouette qui se penche vers le jeune homme, emplit l'espace dégagé qu'est ce parc. L'affolement est total pour le garçon qui réalise les intentions de son tortionnaire. Il suffit de lire l'expression de son visage déformé par une peur irrationnelle mélangée à un désir profond de vivre, pour comprendre son état. Mais déjà tout s'embrase. L'autre a fait naître les flammes qui caressent le corps du jeune homme et qui s'enroulent autour de lui telle une étreinte amoureuse, mais mortelle.
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1 – Une nuit bien agitée
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Four Seasons Hotel, Boston
18 septembre — 01h23
Dereck glisse la carte magnétique dans la fente pour ouvrir la porte. Cette manœuvre est loin d’être aisée à accomplir sans cesser pour autant d’embrasser la jeune femme qu’il tient dans ses bras. Cette dernière glisse ses mains sur son corps jusqu’à atteindre le bas de sa chemise qu’elle sort du pantalon à pinces de l'agent. Il est sensible à l’empressement qu’elle démontre. D’autant qu’ils se trouvent encore dans le couloir de l’hôtel. La porte s’ouvre enfin et ils s’engouffrent à l’intérieur de la chambre, entre gémissements et éclats de rire. Ils manquent de perdre l’équilibre, appuyés comme ils étaient contre le battant. Un simple coup de pied de Dereck et la porte claque. Ils font preuve d’indifférence envers leurs voisins d’un soir. C’est un hôtel. Il ne serait pas si compliqué de comprendre les intentions d'un couple tel que le leur. Si les autres clients ne le devinent pas encore, ils le sauront très prochainement. Les gémissements qu’ils émettent et les corps qui percutent le mur ne laissent planer aucun doute. Dereck aime le sexe et ne s’en prive nullement. C’est son exutoire et il apprécie que ses partenaires soient tendres qu'exigeantes. Cela semble être le cas de sa nouvelle conquête qu’il ne cesse d’embrasser et de déshabiller avec des gestes impatients. Il a deviné, à l’instant où il l’a aperçue dans ce bar, qu'elle pouvait se laisser tenter par une aventure d’un soir. Pourtant, rien chez elle ne laissait présager ça. Elle portait une robe noire à la coupe sage au niveau des genoux et un décolleté carré qui ne révélait que peu de cette poitrine qu’il titille à présent de sa langue pour la faire gémir de plaisir. Elle était accompagnée de deux amies, venues dans ce lieu pour se distraire après une journée de travail. Mais Dereck est loin d’être un novice pour analyser les gens et ce qu’ils dissimulent aux autres. Son métier de profiler au FBI lui permet de savoir à qui il a à faire. Un geste, une expression faciale ou le ton employé sont autant de révélateurs de personnalité. Il détecte tout cela d’un œil de maître et n’hésite pas à l’utiliser à son avantage. Il a nettement perçu le désir refoulé de cette femme dont il ne connaît que le prénom. La façon dont elle a répondu à ses avances lorsqu’il l'a abordée démontre pour lui que son époux ne la satisfaisait plus, ne la comprend plus. Comment le pourrait-il ? Cette femme ne sait plus qui elle est, ce qu’elle souhaite dans la vie. Qu’importe. Lui sait ce qu’il veut et c’est exactement ce qu’il est en train d’obtenir en la sentant se cambrer contre lui.
Un silence s’établit.
Seuls, leurs yeux se parlent. Il ne veut pas encore lui ôter ses vêtements. Il la déshabille du regard et ce qu’il voit le gonfle de désir. Elle glisse ses mains sous sa chemise, frôle sa peau et lui procure des frissons tandis qu’il s’active à retirer sa cravate. Elle l’aide dans son entreprise puis laisse Dereck la dévêtir à son tour. Il s’écarte suffisamment pour observer son regard s’embraser quand il caresse de ses doigts experts l’extrémité d’un sein qui durcit à son contact. Le gémissement qui s'échappe des lèvres de la belle ne fait que confirmer son trouble et augmente l’excitation de Dereck. En réponse, il plaque ses hanches contre celles de sa partenaire. Elle brûle de désirs inassouvis. Elle sourit de pouvoir sentir contre son bas-ventre l’effet qu’elle lui fait. Cela augmente également le plaisir que lui procure la sensation de se retrouver emprisonnée entre le mur et le corps puissant de Dereck. Cela fait tellement longtemps qu’elle ne s’est pas sentie si désirable aux yeux d’un homme. Huit ans de vie commune ont eu raison des premiers émois et du déchaînement de passion qu’elle partage en cet instant avec cet inconnu. Néanmoins, elle ne peut s’arrêter. Elle se sent revivre aux moindres contacts sur sa peau et aux regards qu’il lui offre. Elle en a tellement rêvé.
Dereck joue avec elle, lui donne ce qu’elle désespère d'avoir. Ce n’est pas de la charité ou une forme de gentillesse, mais un échange de bons procédés. Pour lui, chacun y trouve son compte. Ce sont deux adultes consentants et il considère que la vie est trop dure, voire cruelle pour se priver de ce qu’elle peut avoir de plus jouissif et libérateur à offrir. Il glisse une main sur la cuisse de la belle, appréciant le fait qu’elle ait des porte-jarretelles ; chose qui a toujours eu un grand effet sur lui. Il remonte ensuite la jambe gainée de noir contre sa hanche. Son toucher est l’instrument de son désir. Il agrippe l’une des fesses et sent les lèvres de sa partenaire qui glissent dans son cou puis sur son épaule. Il est à présent torse nu et ne peut s’empêcher de clore les yeux alors qu’il n’a rien vu de la chambre dans laquelle ils se trouvent. C’est un geste instinctif que celui d’analyser chaque pièce dans laquelle il pénètre. Néanmoins, en cet instant, il n’en fait rien, preuve que cette femme est suffisamment distrayante pour le délivrer de sa méfiance du monde et d’une conscience professionnelle bien difficile à surmonter.
Or, cette dernière se rappelle à lui tandis que le son caractéristique de la réception d'un message sur son portable brise son élan. Il lui est difficile de se détacher de la brune qu’il serre dans ses bras et de revenir suffisamment à la réalité pour glisser une main dans la poche avant de son pantalon. Ce geste lui est douloureux quand il frôle malencontreusement son sexe en érection bien à l’étroit en cet instant. Il ne peut retenir un grognement en ouvrant le clapet de son téléphone qui diffuse une lueur bleutée, seule source de lumière dans la pièce, si ce n’est celle d’une lampe de chevet derrière eux.
— Pas maintenant, susurre la femme qui continue de l’embrasser dans le cou.
Texto : « Nouveau meurtre sur le campus. Même mode opératoire. Miller. »
Posant sa main sur le mur afin de trouver un équilibre et un lien tangible avec la réalité, Dereck pousse un nouveau soupir de frustration. Des mains baladeuses s’occupent déjà de défaire la boucle de sa ceinture pour libérer son sexe.
— Tu m’en vois vraiment navré, ma belle, mais il faut que je parte, dit-il d’une voix basse.
— Oh que non, contredit-elle.
Dereck ne peut s’empêcher de sourire en constatant que sa partenaire est déterminée. Elle glisse une main dans son pantalon tout en le fixant. Ses prunelles d’un brun chaleureux possèdent en cet instant un éclat qu’elle n’avait pas un peu plus tôt dans la soirée. De ses doigts agiles, elle le masse, le force à en vouloir davantage. Il veut la posséder, là, maintenant.
— S’il te plaît.
Dereck hésite et ce n’est vraiment pas de lui d’agir ainsi. Pourtant, il perçoit également ce puissant désir qui le tiraille. Cela fait quelques jours qu’il n’a pu assouvir son besoin d’évasion à travers le sexe. Percevant probablement son hésitation, sa partenaire s’élève sur la pointe des pieds, tout en imprimant un mouvement régulier de sa main sur sa verge. Elle se met à lui mordiller la lèvre inférieure.
— Okay, tu as gagné.
Il l’oblige à retirer sa main de son entre-jambes et l’entraîne derrière lui, traversant la chambre accompagné par un éclat de rire féminin. Elle marque sa surprise alors qu’ils passent près du lit sans s’y arrêter. Ils pénètrent dans la salle de bains dont la lumière vive de l’ampoule du plafond leur offre un nouvel éclairage. Sans un mot, Dereck retire le reste de ses vêtements. La femme admire son corps athlétique en pensant qu’elle a bien de la chance avant de faire de même. C’est ensemble qu’ils se glissent dans la spacieuse et luxueuse cabine de douche de l'hôtel qui est l’un des meilleurs de Boston. S’ensuit un ébat court, mais intense, alors qu'ils étaient encore des inconnus l’un pour l’autre il y a peu. Cet instant de partage n’appartient qu’à eux.
Libéré de son désir, il se laisse aller à s’allonger à demi contre le dos de sa partenaire alors qu’il est encore en elle. Le souffle court, l’eau ruisselant sur eux, il constate que la femme sous lui est dans le même état. Elle a encore les mains posées bien à plat contre la paroi de faïence face à elle. Il se retire et prend soin de glisser une main contre son ventre pour la soutenir, car il perçoit sa faiblesse.
— Il faut vraiment que je parte.
Elle pose sa main sur celle de son partenaire et se retourne. En croisant son regard, elle sait qu’il ne sert à rien de vouloir le retenir. L’éclat de sérieux qu’elle note est bien différent de ce qu’elle a perçu de lui depuis leur rencontre.
— Tu peux revenir ? lui demande-t-elle malgré tout.
— Je ne pense pas. Tu peux rester si tu le souhaites. La chambre est à toi pour la nuit.
— Ça va aller.
Elle se redresse et lui donne un rapide baiser sur la bouche avant de sortir de la cabine sans un regard en arrière. Tout en commençant à se laver, il l’observe ramasser ses vêtements puis la voit sortir de la pièce enroulée dans une serviette. Lorsqu’il retourne dans la chambre à son tour, c’est pour constater que celle-ci est déserte. Vêtu de son costume d’un noir identique à ses cheveux encore humides, il remarque la présence d’une note sur la table de chevet. Il se penche vers elle et constate qu’elle lui a laissé son numéro de téléphone. Pourtant, il ne s’en empare pas. C’est l’une de ses règles. Une aventure d’un soir, pas davantage.
Il resserre la cravate puis son esprit se ferme à toute autre considération, si ce n’est celle de ce nouveau meurtre. Il est coordinateur pour le Unité d'Analyse Comportementale du FBI (BAU). Bien que sa hiérarchie a ses bureaux à Quantico, en Virginie, lui est rattaché à celui de Boston. Cette agence gère toutes les affaires de l’État du Massachusetts. Or, le campus de Harvard dans la ville de Cambridge fait partie de leur juridiction. Cette section du FBI connaît une certaine popularité, et ce, à l’échelle mondiale, pas seulement pour le travail effectué par leur service, mais aussi par la diffusion d’une série qui retrace leur métier dans les grandes lignes. Ce show télévisé porte le nom d' « Esprits criminels ». Cependant, certains éléments ne collent pas à la réalité. Il ne fait pas partie d’une équipe sur laquelle il peut compter et ne voyage pas à travers tout le pays. Pas d’avion privé pour lui, bien qu’il n’aurait pas refusé de faire une petite balade à bord. En fait, les gens de Quantico ont davantage un rôle de consultants, aidant à distance, les agences gouvernementales comme les autorités locales. C’est pour cette raison qu’il n’a pas souhaité être au siège, préférant se retrouver sur le terrain en devenant coordinateur dans une agence locale. Il aime l’action, être proche de l’enquête et non derrière un écran. Dereck referme la porte de cette chambre d’hôtel et celle du souvenir de cette soirée. Il n’est pas homme à s’appesantir sur ce qui aurait pu arriver. Il ne souhaite pas s’engager. Non qu’il ne le peut pas. Il en a juste décidé ainsi.
Il quitte l’hôtel à bord d’une Maserati Ghibli III qui s’insère rapidement dans la circulation éparse de cette heure tardive. Il aime profiter du calme qui règne sur la métropole au cœur de la nuit et admirer les lumières de la ville qui éclaboussent de son éclat le ciel plus tout à fait sombre en ces temps de modernité. Enfin, s’élève devant lui l’immeuble qui accueille les centaines d’agents gouvernementaux dont il fait partie. Il ne peut s’empêcher de ressentir une note de fierté et de patriotisme, à chaque fois qu’il aperçoit le drapeau américain. Celui-ci flotte dans la brise fraîche de septembre devant la façade de l’immeuble dans lequel il travaille. Il s’engouffre à l’intérieur pour une nouvelle mission qui requiert ses compétences et son acharnement à découvrir la vérité. De son travail et de celui de ses collègues dépend la sûreté de ses concitoyens.
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2 – Une nouvelle affaire
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Bureau régional du FBI, Boston
18 septembre — 03h02
Les pneus de sa voiture italienne crissent sur l’asphalte du parking souterrain. Dereck aurait préféré se rendre au bureau avec sa voiture de fonction. Tant pis. À cette heure, il n’y a guère de monde qui peut le voir et c’est pour le mieux. Il descend de deux niveaux et son véhicule, à la carrosserie d’un noir brillant et à la coupe élégante, glisse et se gare à l’une des places éloignées des ascenseurs. Le bruit de la portière qui claque brise le silence, seul maître dans l’immense espace vide. Seuls quelques véhicules sont éparpillés de-ci de-là. Dereck ouvre le coffre, et, satisfait de se montrer prévoyant, sort des vêtements de rechange. Comme toujours, c’est un costume sombre et de qualité qu’il a à sa disposition. Il retire sa chemise noire qu’il plie, bien que sale, avant de la poser dans la malle. Torse nu, il se fige alors que lui parvient le bruit caractéristique de talons féminins claquant sur le sol. Il se retourne à demi vers la silhouette qui s’avance dans sa direction, dont il a noté le ralentissement. Satisfait de percevoir le trouble de l’une de ses collègues, qu’il ne connaît pas suffisamment à son goût, il ne peut s’empêcher de lui faire un clin d’œil et de lancer :
— Oui, je sais.
— Vous savez quoi ? lui demande-t-elle quelque peu surprise.
— Je serais ravie de pouvoir admirer un spectacle comme celui que je vous offre, nargue-t-il en appuyant ses dires par la mise en valeur de son torse large et musculeux.
— Pensez-vous que c’est ce que je désire observer à cette heure ? questionne-t-elle d’un ton désabusé, mais qui contraste avec la teinte de ses joues.
Il se retourne tout à fait et s’adosse contre la carrosserie de son véhicule en croisant ses bras, le rendant d’autant plus viril et sûr de lui.
— Dites-moi ce qui vous tente ? J’ai d’autres… qualités susceptibles d’avoir votre préférence.
La femme, bien que possédant une grande confiance en elle et étant efficace dans son travail d’enquêtrice, ne peut rester totalement indifférente. Ce n’est pas la première fois que Dereck Monroe tente de la séduire. Il est de notoriété publique qu'il est un coureur de jupons bien qu’elle ne connaisse aucune fille du bureau qui n'ait entretenu une relation avec lui. Ils ont pu se montrer discrets bien sûr, mais beaucoup pensent que c’est un jeu, une manière d’agir de Dereck. Il aime séduire, plaire sans pourtant s’engager avec qui que ce soit. À croire qu’il ne veut pas avoir de relations, même fugaces, avec l’une de ses collègues. Néanmoins, Tricia se laisserait bien tenter, car cet homme est l’un des plus beaux de l’agence. Alors qu’elle se montre hésitante, et Dieu sait que Dereck adore observer ça chez une femme, il passe finalement une nouvelle chemise cette fois-ci blanche, car il est pressé. Il prend son pantalon et un nouveau caleçon, referme le coffre puis s’avance souplement vers la jeune femme. Celle-ci n’a toujours pas bougé. Il déclenche la fermeture centralisée et son regard glisse sur la silhouette de la belle, ses longues jambes mises en valeur par sa jupe et ses talons hauts. Il se plante devant elle pour lui murmurer avec douceur :
— Vous êtes une très belle femme. Une prochaine fois peut-être, Agent Pallan ? lance-t-il avec un clin d’œil.
Sur ce, il continue son chemin. Après quelques secondes, il perçoit à nouveau derrière lui, le bruit des pas de Tricia qui s’éloigne, plus lentement. Parvenu du côté opposé, ce n’est pas vers les ascenseurs que se dirige Dereck, mais vers la cage d’escalier. Il passe sa carte magnétique sur le pavé de contrôle qui lui permet d’ouvrir la porte en métal. Comme à son habitude, il préfère emprunter les escaliers, même pour atteindre le huitième étage où se trouve son bureau. Peu essoufflé, il pénètre dans le couloir et se dirige directement vers la petite salle attenante à l’open-space des agents du service des affaires criminelles. Accro à la caféine, il prend le temps de se servir une tasse de café, grimace à la première gorgée : la boisson n’est pas suffisamment corsée à son goût.
— Alors les gars, qu’avons-nous ? s’enquit-il en pénétrant dans la pièce.
La grande majorité des bureaux sont vides de leurs occupants. Les rares personnes se trouvant là doivent, selon ses suppositions, travailler sur l’affaire qui l’intéresse.
— Tu as reçu mon message ? demande Jane Miller.
Il traverse la pièce pour les rejoindre et sourit avant de répondre :
— Ta perspicacité m’étonnera toujours !
— Excuse-la. Elle est crevée, réplique Adam Sanders, un autre collègue.
Leurs bureaux se trouvent du côté opposé. Ils sont éclairés par des lampes de table, mais surtout par la grande baie vitrée devant laquelle ils sont placés qui laisse passer les éclairages des immeubles alentour. Ce bâtiment se trouve au cœur du centre-ville. Jane lève la tête vers Dereck qui s’assoit sur l’un des bureaux près du sien. Il dépose ses affaires de rechange près de lui.
— Un autre cadavre vient d’être découvert par la police d’Harvard. À la différence du premier, celui-ci a été retrouvé dans l’un des parcs du campus, révèle-t-elle avant de se pencher vers son bureau pour lire une information sur son écran et de continuer. Au Cambridge Common Park. Ils ont trouvé la nouvelle victime vers minuit soit il y a presque trois heures.
— Tu me déçois un peu là ! Je pensais que tu aurais été plus précise que ça, connaissant ta manie de l’exactitude, plaisante Dereck avant de retrouver son sérieux. Bon, j’espère que ces gugusses de l’université n’ont pas merdé cette fois-ci.
— N’oublie pas qu’Harvard possède une indépendance juridique avec sa propre force de police, histoire nous compliquer la vie, commente Adam.
Ce dernier, bien que portant comme tous les agents un costume, a toujours l’air d’être débraillé. Cet effet est accentué par le fait que l’agent a dû passer de longues heures à travailler. Il n’a semble-t-il pas quitté son poste depuis la veille. Il a les traits tirés par la fatigue. Dereck s’en inquiète et le fait savoir à son collègue :
— Tu devrais rentrer, vieux. J’imagine que ton môme te mène la vie dure depuis quoi… sa naissance ?
— Je ne me languis que d'une chose, c’est qu’il fasse enfin ses nuits.
— Je suppose que tu n’aurais pas voulu d’enfants si tu avais su ça avant, hein ?
— Ce n’est pas faute de l’avoir prévenu en tout cas, ajouta Jane face au collègue qu’elle considère comme son coéquipier, impression renforcée par le fait que son bureau faisait face au sien.
Adam passe une main lasse dans ses cheveux châtains, les emmêlant davantage et n’améliorant pas son apparence avant de soupirer :
— Non, mais ça va. Je ne vais pas vous lâcher quand même. En plus, pour ce que je vais réussir à dormir chez moi…
— Oui, mais c’est ça la beauté de la chose. Pense que ton bébé ne fait pas ses nuits, mais j’imagine qu’il dort durant la journée, pile le moment où tu rentreras chez toi, argumente Jane sur un ton maternel.
— Quelle heureuse coïncidence, acquiesce Dereck en se redressant.
Adam hésite puis soupire avant de se lever à son tour.
— Okay. J’imagine que je ne vous serai pas d’une grande utilité de toute manière, hein ?
— J’hésitais à te le dire, sourit Jane en observant son collègue.
— Ça va. Je me rends. En plus, on ne pourra pas faire grand-chose concernant ces meurtres sans l’accord de nos boss. Bon allez. À plus tard alors, lance-t-il en ramassant ses affaires.
— C’est ça. À plus, vieux, répond Dereck, les mains dans les poches.
Adam s’éloigne rapidement et s’enfonce dans la pénombre régnant dans la pièce, ne devenant qu’une silhouette éthérée. Le silence retombe avant que Dereck ne prenne le siège de celui qui vient de partir pour faire face à Jane qu’il se met à fixer.
— J’imagine que tu veux que je te fasse un topo, devine cette dernière.
Le regard marron-vert de Dereck lui confirme sa déduction.
— Bon. Le mode opératoire est similaire ce qui suggère que c'est le même gars que celui qui a tué le pauvre Tom Martins.
— À savoir ?
Dereck, en disant cela, s’empare d’un stylo qui traîne sur le bureau et se met à actionner le mécanisme, déclenchant un cliquetis répétitif qui dérange un peu Jane. Mais cette dernière ne le lui fait pas remarquer ; elle connaît cette manie de Dereck.
— Et bien, ça s’est déroulé sur le campus d’Harvard. Autrement dit, nous pouvons penser que cette nouvelle victime est également un élève ou simplement une personne vivant ou travaillant sur le campus. Sans compter le fait qu’il a été retrouvé complètement carbonisé et qu’aucun témoin ne semble avoir assisté à la scène. Tu penses à un pyromane ?
— Probable.
Le visage marqué par la concentration, la main tenant le stylo près de son oreille, il se laisse imprégner par le son répétitif qui lui permet de réfléchir. Il ne dit rien durant un bon moment, repassant dans sa tête les éléments de cette affaire qu’il a pu lire ou observer à la télévision.
— Le premier meurtre remonte à huit jours, murmure Jane en se laissant aller davantage sur le dossier de son siège et en croisant les mains sur son ventre. C’est mauvais signe, hein ? Généralement, les pyromanes s’attaquent à des bâtiments, pas à des personnes.
Jane ne connaît que peu celui qui les assiste en tant que coordinateur du BAU, l’unité d’analyse du comportement du FBI. Ils se fréquentent, certes, et elle connaît son côté séducteur comme l’ensemble de la gent féminine de leur bureau. Pourtant, elle n’a jamais vraiment travaillé avec lui. Certains de ses collègues lui ont vanté ses mérites et son efficacité. Il a pour rôle de les conseiller voire de participer à certaines enquêtes. Le responsable de Jane lui a demandé de surveiller l’évolution de cette affaire. L’intérêt que porte Dereck sur celle-ci lui permet de découvrir l’homme sous un nouveau jour. Le sérieux qu’il démontre en cet instant contraste fortement avec tout ce qu’elle a pu observer de lui depuis son arrivée il y a presque deux ans. Elle doit avouer qu’elle n'est pas spécialement attirée par cette affaire, mais elle considère à présent qu’il serait intéressant de travailler dessus afin de collaborer avec lui. Ce n’est pas la première fois qu’elle consulte une personne de ce service. Ses expériences précédentes se sont toujours révélées instructives. C’est dans cette optique et malgré son envie de rentrer chez elle pour une bonne nuit de sommeil, qu’elle lui demande :
— Quel est le profil type pour ce genre de gars ?
— Des jeunes mecs blancs, se contente-t-il de dire en se frottant la nuque alors que la fatigue se fait sentir. 82 % sont des hommes blancs, entre dix-sept et vingt-sept ans. Les femmes sont beaucoup moins nombreuses et leur motif est souvent la vengeance.
— Donc ça pourrait très bien être un étudiant.
— Heum… ouais. Penses-tu que tes chefs voudront se charger de l’affaire ? s’enquiert-il.
— Tu sais comme moi qu’il nous faut trois meurtres ou davantage pour considérer un criminel comme un meurtrier en série.
— Ouais. Je sais, grogne-t-il en se levant. Bon, je vais voir si mon service à Quantico a d’autres infos et leur demander si nous pouvons proposer notre aide.
— Je doute fort qu’ils acceptent, mais bon. Tu peux toujours essayer. Tiens-moi au courant et je ferais de même.
— C’est ça.
Il pose le stylo, s’empare de son café à demi entamé qui doit avoir refroidi, puis se retourne. Il a failli oublier ses affaires de rechange qu’il récupère avant de s’éloigner d’une foulée lasse vu l’heure tardive. Il quitte l’open-space et traverse le couloir pour s’enfermer dans le bureau mis à sa disposition.