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AU SERVICE DU SURNATUREL

  SAISON 2 : BLAKE 

 

 

Bienvenue au Manor Hotel.... de Budapest !
Laissez-vous vous surprendre par le programme que nous vous avons réservé pour cette saison. Entre situations cocasses, rencontres de créatures légendaires en tout genre, des combats épiques ou simples pétages de plombs, sans oublier des scènes très hot, vous aurez de quoi vous amuser, ce qui ne sera peut-être pas le cas de notre héros. Car oui, après Jenna et toute sa bande, c’est autour de Blake d'entrer en piste. Ce mage aux pouvoirs légèrement incontrôlables, mais tellement sexy sera accompagné d’une toute nouvelle équipe délirante qu’il devra diriger pour son plus grand « bonheur ». 

LES DEUX TOMES DE CETTE SAISON

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CHAPITRE OFFERT

 

 

1 – S’envoyer en l’air

 

 

Seattle, le 6 novembre

 

Les pneus glissaient sur l’asphalte. Je ne me sentais jamais aussi libre que lorsque je conduisais une moto. J’accélérai un coup. C’était tellement bon d’entendre le rugissement de mon 1 500 centimètres cube. Je doublai une berline et me positionnai sur la troisième file de la voie rapide, celle qui me conduirait en dehors de l’agglomération. Je voulais m’éloigner de mon père, quitter au plus vite cette ville, et si possible ne plus y revenir. Cette dernière dispute avait eu raison du peu d’estime que j’avais pour lui. À présent, je voulais me concentrer sur mon avenir et mener ma vie comme je l’entendais. Le ciel se teintait d’un orange éclatant lorsque je fus en vue de ma destination. Je ralentis, puis m’arrêtai devant le poste de garde donnant accès au tarmac privé.

— Vos papiers, s’il vous plaît, m’interpella un agent d’une voix monocorde.

— Bonsoir.

J’ouvris ma veste en cuir et glissai une main pour récupérer dans la poche intérieure mon passeport. Je le tendis au garde en uniforme bleuté qui eut la brillante idée de lire à voix haute les informations inscrites à l’intérieur. Comme si je n’étais au courant de ma propre identité.

— Monsieur Blake Hamilton, citoyen britannique.

Il leva la tête et me regarda. J’avais anticipé et retiré mon casque pour qu’il puisse vérifier que j’étais bien celui que je prétendais être.

« 1,91 m. Cheveux châtain clair. Yeux bleus. Ouais, comme sur la photo, mon gars ! »

Il fit passer le document à celui resté en retrait dans la cabine, qui vérifia les papiers.

— C’est bon. Dirigez-vous sur la piste 4.

— Merci.

— Bonne soirée et bon vol.

Je hochai mécaniquement la tête, remis mon casque après avoir rangé mes papiers. La barrière se leva. Deux hangars plus loin, j’en contournai un troisième lorsqu’apparut le jet privé noir au logo doré : MH Corporate.

« C’est fou ce que cette organisation censée faire profil bas sait faire preuve de discrétion ! »

Je remontai l’avion sur toute la longueur avant de m’arrêter devant le comité d’accueil : probablement le copilote et deux hôtesses. Elles étaient facilement identifiables avec leur uniforme. Je basculai le poids de la moto sur le côté, une Harley Davidson Inferno 36 noire mate et métallique. Puis, la béquille calée, je basculai la jambe pour descendre. Tout en faisant preuve de politesse en saluant l’équipage, je retirai casque et gants que je pris soin de ranger dans le compartiment sous le siège. Alors seulement je me retournai tout en passant une main dans mes cheveux châtain-blond indisciplinés.

— C’est un plaisir de vous accueillir parmi nous, lord Hamilton, déclara le seul homme du trio.

Je tiquai sur l’utilisation de mon titre, mais ne fis aucun commentaire. Il allait falloir m’y habituer à présent que j’avais décidé de rejoindre le groupe.

— Merci. Quand partons-nous ?

— Dans une vingtaine de minutes. Monsieur, si vous voulez bien me suivre, nous allons prendre soin d’installer votre véhicule dans la soute, selon vos recommandations.

J’accordai toute mon attention à l’hôtesse qui venait de parler. Elle s’était détournée sans attendre une réponse de ma part et gravissait les premières marches de la passerelle d’embarcation. Je la suivis, appréciant de pouvoir mater son déhanché sensuel après des semaines d’abstinence.

« Bon Dieu, cette chute de reins ! »

Elle possédait des rondeurs qui ne me déplaisaient pas, loin de là. En fait, je n’avais pas de préférences physiques concernant les femmes. Celles qui avaient mes faveurs avaient surtout de la personnalité : des femmes qui s’affirmaient, qui avaient une certaine confiance en elles. Une fois à l’intérieur, je jetai un coup d’œil circulaire. Meubles en bois précieux, cuir, cristal... et de la dorure, partout.

— Y aurait-il quelque chose qui ne serait pas à votre convenance, monsieur ? m’interpella la belle.

« Disons que je n’aime pas le tape-à-l’œil, et ici, tout est question d’étalage de richesses à outrance. »

— Non, ça va, dis-je sèchement à la place.

Je m’avançai vers l’un des sièges en cuir blanc et y déposai ma veste avant de m’installer sur la banquette d’en face. Je ne crachais pas dans la soupe, bien sûr, mais je préférais les choses plus simples et moins coûteuses. Prendre un vol commercial ne m’aurait pas dérangé. Étant issu d’un milieu aisé, pour ne pas dire très aisé, je n’avais jamais manqué de rien. Les meilleurs logements, les meilleures écoles, n’être limité par rien si ce n’est un père dont il me fallait sans arrêt obtenir l’approbation ou subir purement et simplement les commandements. Je croisai les jambes et portai mon regard vers le hublot.

« Plus jamais. C’est fini. Hors de question qu’il s’immisce encore une fois dans ma vie. »

— Sachez, monsieur, qu’il vous est possible de vous rafraîchir. Une salle de bain se trouve à votre disposition à l’arrière, ainsi qu’une chambre… Si vous avez besoin de vous reposer, précisa l’hôtesse en appuyant sur le mot « chambre ».

— Merci.

Elle se pencha pour poser un verre et une bouteille d’eau minérale sur la table devant moi. Mon regard se perdit dans l’échancrure de son chemisier doré laissant entrevoir une paire de seins à se damner. Le reste de son corps était délicieusement moulé dans une jupe crayon noire et des bas. Des talons aiguilles vertigineux élançaient sa silhouette.

« Putain, qu’elle est bandante ! »

— Combien d’heures va durer le vol ?

— Quatorze heures avec une escale sur la côte est américaine pour faire le plein.

— Je vois, bon eh bien je pense que la chambre me sera bien utile. Ce jet ne me semble pas bien grand. Avez-vous également un endroit pour vous reposer ?

Le petit sourire en coin de la dame m’indiqua qu’elle avait compris mon allusion. Un sourire, et elle s’éloigna en roulant des hanches.

« Me voilà en manque, maintenant. Merde. »

Je me soulevai discrètement afin de tirer sur mon jean. Je me sentais de plus en plus à l’étroit là-dedans. Après un soupir, je détournai à regret mon regard de cette charmante créature pour éviter les dégâts. Avisant l’un des deux sacs posés sur le siège face à moi, je me mis debout pour récupérer mon ordinateur. Travailler était ma drogue et me permettait de penser à autre chose, la chose à cet instant étant de culbuter à cœur joie cette demoiselle aux formes tentatrices.

« Peut-être plus tard, qui sait ? Après tout, j’ai un long moment à tuer. »

Je passai l’heure suivante à consulter le dossier qu’on venait de m’envoyer par mail. Ce serait ma dernière contribution pour la firme américaine qui m’employait depuis ma sortie de l’université. J’avais rapidement gravi les échelons pour devenir directeur financier de la succursale gérant la zone nord-est américaine.

La seconde hôtesse, la blonde un peu fade, vint m’apporter la boisson que j’avais commandée, un Jack Daniel’s. J’en bus une gorgée, reposai le verre en cristal puis portai mes mains à mon visage pour en chasser la fatigue. Il faut dire que mon séjour à Seattle n’avait pas été de tout repos. Sitôt que j’avais appris la nouvelle du conseil des Treize concernant ma nomination, j’avais pris un vol direct depuis New York, où je vivais, pour répondre à l’ordre de mon père de le rejoindre. Même si j’en doutais, je m’étais tout de même demandé s’il souhaitait me féliciter... Mes soupçons avaient été confirmés : il n’avait eu de cesse de chercher à me dissuader d’accepter le poste que je venais d’obtenir à Budapest. Il m’avait carrément avoué avoir tout fait pour que je n’y accède pas.

« Le con ! Quoique le plus con des deux, c’est vraiment moi. À croire que je cherche la merde à tenter de changer ce qui ne peut l’être. Fais chier. »

Las plus qu’en colère – ce que j’avais été durant tout mon séjour ici –, j’avalai d’une seule traite ce qu’il me restait d’alcool puis me levai. Je fis quelques mouvements pour tenter de me détendre un peu. Voilà ce que c’était de se prendre pour un grand mage.

« Puiser ainsi dans mon énergie n’est vraiment pas bon. »

Surtout que je ne l’avais pas fait pour les bonnes raisons. Encore mon père. Pour le mettre en rogne, j’avais accompli ce que lui-même s’était refusé à faire : l’échange. La veille, j’avais permis à deux de ses sous-fifres de permuter leur nature, faisant de l’une une humaine, et l’autre, une succube. Je ne pus m’empêcher de sourire en repensant à la réaction de cette dernière, cette Jenna, juste après avoir lancé le sort. Elle s’était jetée sur moi, affamée de sexe. J’aurais pu me laisser convaincre de lui donner ce qu’elle voulait si j’avais été comme mon padre, sans une once de sentiments pour autrui. Rien que de me remémorer cet épisode, j’avais encore la trique. Faut dire que ça faisait plusieurs semaines que je n’avais pas baisé.

« Fait chier. C’est vrai qu’une bonne douche ne me ferait pas de mal. Autant en profiter. »

Mes sacs dans une main, je me dirigeai vers l’arrière de la cabine et ouvris la porte qui la séparait de la chambre.

« Eh bien dites donc, on s’emmerde pas ! Comme quoi, je devrais peut-être me la jouer moins con et profiter des petits plaisirs que la vie met sur mon chemin. »

Un lit deux places me faisait face. Il remplissait une bonne partie de l’espace. C’était si tentant que je me retins de me jeter direct dessus pour m’endormir comme un bébé. Au lieu de ça, je le longeai pour accéder à la petite pièce sur la droite. La salle de bain, réalisai-je sitôt le battant ouvert. Certes, petite, mais offrant tout le confort dont on pouvait rêver. Je posai mes affaires sur le lit et m’enfermai dans la cabine. Là, je retirai rapidement pull gris, t-shirt, boots de motard, jean et caleçon. Du pied, je poussai le tout dans un angle de la pièce. Je me plaçai sous le jet d’eau chaude de la douche. Après m’être lavé, je m’appuyai, des deux mains sur la paroi en marbre, la tête penchée en avant, les yeux clos, profitant de la chaleur de l’eau ruisselant sur ma nuque et le long de mon corps tendu.

« Mmmm, le paradis. »

Ma conscience ne me laissa pas le luxe de me détendre davantage et je me repassai en boucle les derniers événements qui m’avaient conduit à prendre ce vol privé pour la Hongrie. Je n’arrivais pas à comprendre ou simplement à croire que j’allais diriger à moi seul un Manor Hotel. Comme les douze autres, c’était davantage qu’un simple établissement d’une chaîne hôtelière. Cela représentait un refuge, un sanctuaire. Pour le moment, ça n’en portait que le nom, puisque la traque des êtres surnaturels qu’accueillaient les Manors était finie depuis plusieurs décennies. À présent, des mages comme moi servaient surtout à gérer les problèmes inhérents à n’importe quelle autre firme gérant une clientèle humaine fortunée. Certes, je me doutais que je me retrouverais confronté à un moment ou un autre à des situations un peu particulières... On ne loge pas des êtres possédant une multitude de pouvoirs sans prendre de précautions. Je finis par sortir de la douche. Enroulant une serviette autour de la taille, j’ouvris la porte pour pouvoir récupérer des vêtements propres. Et puis non. En voyant le lit et constatant que je n’avais pas froid, je décidai de m’allonger tel quel sur les draps pour une bonne sieste. Comme à mon habitude, je pris place au milieu du lit en soupirant d’aise. Les yeux clos, je me dis que cela n’était pas si mal que le vol dure si longtemps. Au moins, je pourrais en profiter pour recharger mes batteries. Je ne savais même plus de quand datait ma dernière pause tellement j’étais pris par mon job. Enfin, mon ancien job. Bon. Je ne me faisais aucune illusion, le nouveau serait tout aussi accaparant. Cette fois-ci, c’est un soupir de dépit qui s’échappa de mes lèvres.

« Faut vraiment que je ralentisse… histoire de… »

 L’air froid sur mon corps me sortit de mes pensées. J’ouvris les yeux pour voir la beauté brune fermer la porte de la chambre et se tourner vers moi. Elle sursauta, portant une main à sa poitrine.

— Je vous pensais endormi, bredouilla-t-elle, les joues rouges, sans pour autant détourner son regard.

— Et donc, il vous a semblé normal de pénétrer dans la cabine en me « pensant endormi » ? lui demandai-je suspicieux en me redressant en position assise.

Un sourire étira les lèvres de la belle qui, sans équivoque, commença à déboutonner sa chemise.

— Eh bien, j’avais pensé vous réveiller d’une façon agréable.

— Je vois.

Mon regard se fixa intensément sur la poitrine qu’elle découvrait, bouton après bouton. J’avais pour principe depuis des années de mener le jeu, et non l’inverse. C’était une façon pour moi de choisir avec soin mes partenaires. En gardant mes distances, je les étudiais et, si possible, je faisais une petite enquête sur elles avant de passer à l’offensive. Le résultat était toujours le même : j’arrivais à mes fins et je menais la danse quant à ces relations que je désirais brèves.

Fronçant les sourcils, j’étudiai du regard cette femme qui continuait de se déshabiller devant moi. J’avais beau faire jouer mes neurones, cela n’empêcha pas mon corps de réagir. Mon sang pulsa dans mes tempes avant d’atteindre une autre partie de mon anatomie qui réclamait que l’on s’occupe d’elle depuis pas mal de temps.

— Je sais que vous avez envie de moi, me provoqua-t-elle, et j’ai envie de vous. Autant nous satisfaire mutuellement le temps du vol, non ? Tu me veux ?

Lever les yeux vers son visage me réclama un effort. Me concentrer sur ce qu’elle venait de me dire aussi. Ses iris marron s’enflammèrent au moment où elle posa son regard sur la proéminence de mon entrejambe, qui ne fit que s’accroître sous son regard chargé d’envie.

« T’as ta réponse, bébé. Vois comme je suis déjà dur, prêt à l’action. Viens me chercher ! »

Mon attention se fixa à nouveau sur sa poitrine bien trop à l’étroit dans la dentelle blanche de son soutien-gorge. Une envie irrépressible se fit sentir de mordre doucement l’un de ces seins appétissants, d’en lécher les pointes qui apparaissaient sous le tissu immaculé. Pas étonnant vu le manque de pratique ces derniers temps. Et devant un tel spectacle... Comment résister ? Dans un geste sensuel, elle posa ses mains sur ses hanches et fit lentement remonter sa jupe crayon, dévoilant bas et porte-jarretelles noirs sur une peau satinée. Son regard braqué sur moi, elle posa un genou sur le matelas, puis l’autre. Vinrent les mains. Elle m’offrait une position des plus suggestives, ses seins se balançant dans le vide au rythme de son déhanchement tandis qu’elle s’avançait vers moi. Elle n’attendit pas que je dise quoi que ce soit. Ma manière de détailler le moindre de ses mouvements avec envie était une acceptation tacite. Et puis j’aimais qu’une femme tente d’attirer mon attention, qu’elle se montre entreprenante, même si c’est moi qui décidais d’aller plus loin au final. Elle ne s’arrêta que lorsqu’elle se trouva juchée sur mes cuisses.

— Puis-je ? me demanda-t-elle avec simplicité en pointant mon entrejambe.

« Bordel, j’y vais ou pas ? »

Ma réponse vint lorsque j’ouvris les pans de ma serviette, exposant ainsi mon érection. Le désir me brûlait le ventre, faisait bourdonner mes oreilles et battre mon cœur plus fort. Elle me sourit d’un air mutin et se pencha. À l’instant où un souffle chaud vint caresser mon sexe, j’exhalai un soupir qui se transforma en grognement lorsque de la langue, cette fille vint laper mon gland. Une, deux fois. Sa main, elle, vint enserrer la base de ma verge qui se dressait vers son visage, sa bouche. Lorsque ses lèvres pleines se refermèrent sur moi, je basculai la tête en arrière, mes mains enserrant le drap de chaque côté. La jeune femme s’appliqua à m’engloutir en elle, si chaude et douce, à plusieurs reprises.

— Putain, c’est trop bon !

J’agrippai d’une main ses cheveux rassemblés dans un chignon lâche pour lui imposer un rythme plus soutenu, qu’elle suivit à ma plus grande satisfaction. À peine essayais-je de me soulever un peu, histoire de l’observer en train de me sucer, qu’elle accentuait sa succion, m’obligeant à me rejeter en arrière sous le coup des sensations. Ses doigts se refermèrent sur ma verge qu’elle releva pour avoir accès à mes bourses qu’elle lécha à m’en rendre fou.

— Bon Dieu ! grognai-je.

« C’est sûr qu’elle sait y faire. »

Elle continua à m’embrasser, à m’aspirer, à me torturer d’une si folle manière que j’en aurais joui immédiatement. Mais je faisais tout pour retarder ce moment, faire durer le plaisir, garder le contrôle. J’empoignai plus fortement ses cheveux pour l’inciter à ralentir, crispant la mâchoire à me la briser. Je ne voulais pas précipiter ces choses que je m’étais refusées depuis un certain temps. Et puis la belle savait s’y prendre pour tempérer mes ardeurs, ajustant le rythme de la fellation pour me maintenir à la limite de la jouissance le plus longtemps possible. Je n’étais pas le seul à éprouver du plaisir. De ma main libre, j’avais commencé à lui malaxer ses seins, appréciant le volume dans mes paumes, la dureté de ses mamelons que je pinçais, tordais à défaut de pouvoir les mettre en bouche, les sucer pour faire crier cette inconnue de plaisir. Ses gémissements faisaient vibrer sa bouche. Cet effet se répercutait sur ma verge, m’électrisant totalement. Brusquement, elle devint vorace. Elle accéléra le rythme. Sa tête ne cessait de monter et descendre. Elle m’enfonçait au plus profond de sa gorge, déclenchant des décharges de plaisir à chaque passage. Je lâchai un râle, incapable de faire quoi que ce soit si ce n’est d’empoigner des deux mains sa tête. Un peu trop rudement, sans doute, mais là, je perdis le contrôle. Je la forçai à me prendre le plus loin possible en elle, à m’envelopper de sa chaleur. Des spasmes me saisirent, annonçant que j’étais sur le point de me décharger en elle.

— Putain !

Mon esprit dérapa dans la jouissance, mon corps, lui, céda dans un grognement. Je m’épanchai dans cette bouche qui continuait de me pomper avec force. Elle m’avala, me lécha, continua de m’embrasser pendant que je revenais à moi. Essoufflé et confus, il me fallut un instant pour reprendre pied avec la réalité. Je baissai les yeux et constatai que la coquine tentait de me faire bander à nouveau, sa main s’activant sur mon sexe. Je souris face à son empressement.

— Il va me falloir un petit moment, là, l’avertis-je, les effets de la jouissance me rendant groggy.

— Je te veux en moi, rétorqua-t-elle avec empressement.

« Putain, moi aussi, ma belle. »

Sa détermination porta ses fruits puisque je sentais poindre un début d’érection. Pas grand-chose, mais tout de même. La brunette se baissa pour m’embrasser. Je reculai. Elle insista.

— Non, grondai-je afin de me montrer clair.

Elle cligna des yeux, surprise par mon refus. Puis, afin de la distraire autant que pour m’exciter davantage, je pris un ton plus enjôleur :

« Vas-y ! À ton tour de jouir, ma belle. »

Ma main se faufilait déjà sous la jupe qu’elle portait toujours sur les hanches. Son expression passa de la déception à cet air malicieux qu’elle affichait depuis notre rencontre. Du bout des doigts, j’écartai son string mouillé et accédai à la moiteur de son sexe. Avec facilité, je glissai un doigt, puis deux en elle.

— Oh oui ! soupira-t-elle, la tête inclinée en arrière.

Elle hoqueta lorsque mon pouce vint titiller son clitoris. Les yeux clos, le bassin plus haut pour me faciliter le passage, elle se mit à gémir de plus en plus fort. Sa réaction, autant que sa main qui s’activait à caresser ma verge, accélérèrent mon érection. J’étais excité comme un fou, mes doigts l’envahirent de plus en plus loin.

— Pas si vite, me supplia-t-elle.

Même si je ne rêvais que de l’entendre crier, de la voir basculer à son tour dans la jouissance, je répondis à son attente en précipitant moins mes gestes. Je posai ma main libre sur sa cuisse et la remontai pour pouvoir explorer ce corps qui s’offrait à moi. Mais la belle me l’attrapa pour la porter à sa bouche. Dans un geste de pur érotisme, elle glissa mon index entre ses lèvres avant de se mettre à le sucer. Puis ondula du bassin pour accentuer la pénétration des doigts de mon autre main. Elle cessa de me caresser pour se défaire de son chemisier et de son soutien-gorge, qu’elle jeta sur le lit derrière elle. Je ne résistai pas à la tentation de lécher, de mordiller tour à tour la pointe de ses seins. Mon sexe à nouveau dressé se tendit vers elle. Le besoin de remplacer mes doigts par ma verge bien dure devint pressant.

Dans cette intention, je retirai ma main. La brune sulfureuse me l’attrapa pour badigeonner ses seins de la cyprine qui recouvrait mes doigts. Je ne pus résister. Je me jetai sur sa poitrine, la léchant, la goûtant pour la première fois. Sous le plaisir procuré, elle se cambra, exposant davantage ses mamelons sans cesser d’onduler des hanches, son sexe cognant sur le mien. Elle sortit un préservatif de je ne sais où et me l’enfila. Et, sans attendre, elle glissa ses mains dans les miennes, puis s’avança dans ma direction. Mon rythme cardiaque s’accéléra brusquement lorsque mon gland frôla l’entrée de son sexe. Nous poussâmes un gémissement lorsqu’enfin elle se mit à coulisser sur moi, jusqu’à ce que nos deux corps s’emboîtent parfaitement. Son regard ancré au mien, elle souleva son bassin et descendit à nouveau, me lovant dans sa moiteur. Son mouvement s’accéléra. J’aurais bien voulu soulever, peut-être retirer cette jupe qu’elle portait toujours, mais ses mains tenaient fermement les miennes dans un geste intime. Elle semblait vouloir garder le contrôle sur nos ébats. Je n’y voyais pas d’inconvénient, vu que jusqu’ici elle se débrouillait comme une chef. En revanche, il était hors de question que je ne participe pas. Je lui administrai un coup de bassin brusque qui la fit hoqueter avant de sourire.

— Encore !

Je m’exécutai en m’enfonçant profondément en elle. Puis tout s’enchaîna. Elle me chevaucha à un rythme effréné qui me fit haleter. Elle se coucha pratiquement sur moi, me forçant à mettre nos mains toujours liées derrière ma tête. J’appréciais cette position, qui offrait un nouvel angle à mes pénétrations, autant que j’aimais contempler le spectacle de sa poitrine qui dansait à quelques centimètres au-dessus de mon visage. Il ne faisait aucun doute qu’à ce rythme-là, j’allais jouir très rapidement, et en elle cette fois-ci.

2 – Surprise !

˜™

Mon corps se tendit. J’allais me décharger en elle, lorsque je vis s’élever derrière ma partenaire une sorte de truc pointu. Agissant d’instinct, je penchai la tête sur le côté à l’instant où cette arme fonça sur moi. La pointe perfora le coussin sur lequel je reposais une seconde plus tôt.

— Putain ! C’est…

Je tentai de me soulever, mais la prise sur mes mains de la femme au-dessus de moi m’en empêcha. Mon regard alla d’elle à ce truc qui fouetta l’air derrière elle. Elle tentait de me tuer, c’était évident maintenant. Car oui, quand on essaye de vous poignarder, on peut appeler ça une tentative de meurtre. Lorsque ce long membre couleur chair finissant par une pointe aiguisée fusa dans ma direction, je passai à l’action. L’instant suivant, j’utilisai autant ma force physique que mon pouvoir pour écarter cette femme de moi. Elle fut propulsée en arrière, s’écrasant dans un bruit mat contre la paroi de la cabine, et retomba dans un cri. Je me redressai sans la quitter des yeux, le temps qu’elle se lève. D’un geste négligent, elle arracha d’une main la jupe qui la recouvrait encore. Il me fallut quelques secondes pour comprendre ce que j’observais. Cette femme, nue, et ce membre à l’extrémité aussi aiguisée qu’une lame, rattaché à son corps, qui ne cessait de se déplacer de droite à gauche derrière elle.

« Une queue. Putain, c’est vraiment sa queue ! »

 Ni une ni deux, je levai la main et stoppai le membre érectile qui fonçait droit sur moi. La femme et sa queue furent plaquées contre la paroi.

— Mais merde, vous êtes quoi ? demandai-je, partagé entre la colère et l’étonnement.

Je la maintenais à distance et sous mon contrôle, la main levée dans sa direction. La brune nue s’agitant en tous sens pour se libérer de mon emprise ne me répondit pas. C’est l’étonnement de voir sa peau se recouvrir d’une sorte de couche d’écailles d’un vert doré qui me fit relâcher mon attention. L’instant suivant, elle fit un bond dans les airs et se retrouva accrochée au plafond. J’orientai ma main vers elle pour la maîtriser. Peine perdue. Faisant preuve d’une agilité surprenante, elle se déplaça trop rapidement pour me permettre de la contrer. Pourtant, la pièce n’était pas bien grande. Nu, je quittai le lit à mon tour pour pouvoir mieux me défendre.

— Là, je ne joue plus, m’énervai-je en n’arrivant pas à l’atteindre.

Je sentais le pouvoir gronder en moi, réclamant d’intervenir pour mettre fin à la menace que cette surnaturelle représentait. J’écartai les mains le long du corps, rassemblant suffisamment d’énergie pour la projeter sur elle. Brusquement, elle se retrouva à nouveau au sol, de l’autre côté du lit. Je fixais cette femme à la peau de lézard et au visage méconnaissable quand elle éleva sa queue devant elle. La pointe se déplaça de droite à gauche, comme s’il agissait d’un doigt :

— N’oubliez pas où nous nous trouvons, mon beau. L’utilisation de magie pourrait causer notre mort à tous.

Une partie de moi réclamait d’agir, de déchaîner mon pouvoir sur celle qui venait de m’attaquer malgré le risque de tout faire péter. Je n’eus pas le temps de réfléchir plus avant sur la question qu’elle projeta sa queue sur moi, encore et encore, comme l’aurait fait un scorpion. Je me déplaçai de droite à gauche, tout de même limité dans mes déplacements par l’exiguïté de la pièce. Elle ne réussissait pas à m’atteindre : je déviais chacune de ses attaques en m’approchant d’elle. Je penchai vivement la tête sur le côté, mais la pointe aiguisée passait tout de même à quelques centimètres de mon visage. Le membre fouetta l’air et repartit en arrière. La surprise passée, je l’attaquai à mon tour. Mon pouvoir me permettait de conserver une certaine distance. Je projetai un jet de magie que mon ennemie évita, une puis deux fois. À mon tour, je me déplaçai d’un côté à un autre, en me baissant pour éviter qu’elle ne me touche. Elle semblait jouer avec moi, ce qui attisait ma colère. Or, c’était là mon problème. Lorsque je la laissais me dominer, ce qui arrivait toujours à un moment ou à un autre, c’est là que je commettais une erreur souvent catastrophique. Serrant les poings et pinçant les lèvres, je faisais tout pour me maîtriser. J’attendais l’instant pour la frapper avec autant de force qu’il m’était possible.

« Maintenant ! »

De mon pouvoir, je retournai la queue vers sa propriétaire. Elle tenta bien de se soustraire à mon attaque en saisissant des deux mains ce membre à l’extrémité aiguisée. Ce fut sa propre arme qui la transperça de part en part sous l’action de mon pouvoir. Un flot de sang d’un vert étrange s’écoula de la plaie sur son ventre. La femme leva son visage vers le mien, une supplique muette dans son regard d’un marron si humain. 

« Trop tard, ma belle. Fallait pas me chercher… »

 Je ne lui accordai même pas la possibilité d’extraire de son buste la queue encore figée en elle. Mon ennemie – c’est tout ce qu’elle était à présent pour moi –, laissa échapper un dernier soupir avant de s’écrouler sur le sol. J’aurais dû éprouver de la culpabilité de l’avoir tuée. Il m’aurait été possible de simplement la blesser, la mettre hors d’état de me nuire. Ne serait-ce que ressentir encore de la peur d’être passé si près de la mort. Non. Juste une profonde insatisfaction.

« J’aurais dû la faire souffrir, la disséquer. Raté ! »

J’étais figé à la regarder quand enfin ma conscience fit taire mon instinct, celui qui me poussait à faire mal à autrui. À défaut d’émotions, vinrent les questions.

« Qui a envoyé cette nana ? Et pour quelle raison elle m’a attaqué ? Est-ce parce que j’ai été nommé récemment directeur d’un Manor Hotel ? Parce que je suis nouveau membre du Conseil des Treize ? Ou c’est lié à ma visite chez mon vieux… »

Mon père m’avait prévenu qu’il avait subi une attaque quelques semaines plus tôt et qu’il me fallait me méfier de tout le monde. D’après lui, quelqu’un en avait après notre famille. Une chose était certaine, ce n’était pas mon boss qui avait fomenté une attaque d’une telle envergure en réponse à la démission que je venais de lui envoyer. Dès mes débuts dans cette boîte, j’avais sondé son esprit et j’étais certain qu’il n’avait pas connaissance du monde des surnaturels. Non. Cela ne pouvait être que le résultat des derniers événements qui m’avaient conduit à intégrer ce monde-ci. Je me laissai tomber sur le bord du lit.

« Je viens de me faire attaquer par une femme à longue queue ! Incroyable. »

Certes, mon caractère emporté m’avait causé bien des soucis par le passé, dont des bagarres mémorables que j’avais toujours su remporter. Que ce soit un type seul ou une bande de mecs, ils n’avaient de toute façon aucune chance de prendre le dessus sur l’homme aux pouvoirs magiques que j’étais. Cette fois-ci, la barre avait été placée haut ! Je venais de passer dans une autre catégorie : bien que d’apparence humaine, cette créature ne l’avait jamais été. C’était tout de même quelque chose.

— Super !

Je grognai en tournant la tête vers celle qui gisait là, sur le sol, avant de grimacer : elle dégueulassait la moquette de son sang verdâtre.

— Et je fais quoi, maintenant ? On peut dire que tu m’as mis dans une merde pas possible.

C’est en croisant son regard sans vie que je réalisai vraiment ce que je venais de faire. Un frisson de dégoût envers elle, envers moi remonta le long de ma colonne vertébrale. C’était bien la première fois que je me trouvais dans une telle situation. On peut dire que cette nouvelle existence que j’avais décidé de mener commençait fort. Et cette attaque confirmait mon intuition qui m’avait toujours fait choisir le monde des humains à celui des surnaturels. Jusqu’ici, j’avais toujours fait en sorte ‒ du moins autant que cela me fût permis ‒ de ne pas me mêler des affaires surnaturelles. Inconsciemment, je savais à quel point ce monde-là recelait de dangers. Que cela aurait révélé cette part d’ombre en moi. J’avais en horreur cette partie de moi que j’avais tenté de museler, de maîtriser… de rejeter, aussi loin que je m’en souvenais. Elle me rendait bien plus différent que ce pouvoir que je possédais. Elle ne me permettait pas d’avoir une vie comme les autres.

« Et pourtant, c’est ça qui vient de me sauver les miches. »

— Merde !

Je me levai d’un bond en réalisant ma stupidité. J’étais là à réfléchir alors que, peut-être, le danger planait encore. Les autres membres d’équipage auraient dû intervenir, ou au moins être alertés par tout le raffut qu’on venait de faire, la femme-lézard et moi. Je me dirigeai vers la porte avant de me souvenir que j’étais encore nu. Rapide aller-retour dans la salle de bain pour ramasser mon jean qui traînait par terre : le temps me manquait pour fouiller dans mes valises. Je l’enfilai à la va-vite puis pénétrai dans la cabine principale. Elle était vide. Les deux mains levées, prêt à agir, j’avançai pieds nus. Mon regard fut attiré par une mare rouge nappant la moquette au pied d’un placard. Je m’y dirigeai et ouvris le battant. Là, la blonde était dissimulée à l’intérieur, son corps sans vie recroquevillé sur lui-même. Je dégageai sa longue chevelure blonde en partie ensanglantée pour pouvoir prendre son pouls à son cou. Le mien, de cœur, battait à tout rompre. Je fis un bond en arrière. La gorge de cette pauvre femme avait été transpercée de part en part, probablement par la queue aiguisée de l’autre. Cette humaine n’avait eu aucune chance face à la surnaturelle. Je me redressai et continuai en direction du cockpit, espérant que les pilotes n’avaient pas subi le même sort. Parce que, certes, j’avais beaucoup de pouvoirs et j’étais intelligent, mais je me trouvais bien incapable de piloter un avion à moi tout seul. À défaut de pouvoir l’ouvrir, puisqu’il était verrouillé de l’intérieur, je toquai.

Je n’eus pas la patience d’attendre que l’on vienne m’ouvrir ou qu’on me réponde. Posant la main bien à plat sur la paroi métallique, je projetai mon pouvoir. Cela me surprenait toujours, cette lueur pourpre qui se diffusait hors de mon corps. Je détectais la présence des deux hommes installés sur leur siège. Leur esprit était calme, concentré sur les tâches à effectuer. Ils ne semblaient avoir aucune idée de ce qui s’était produit. J’en fus grandement soulagé. L’un d’eux était en train de se lever. Je me redressai en prenant une grande inspiration afin d’évacuer toute la pression engrangée depuis l’attaque. Sitôt que le copilote apparut, je lui racontai succinctement les faits.  

— Rassurez-vous, nous allons contacter les personnes qu’il faut. Ils se chargeront de faire le nécessaire, me rassura le pilote.

Il faisait partie de ces humains mis dans la confidence grâce aux relations qu’ils entretenaient avec des surnaturels. Je tournai les talons et entendis l’homme rejoindre son poste dans la cabine de pilotage. Parvenu au centre de la cabine, je ralentis avant de m’arrêter. Je restai planté là, ne sachant que faire à présent. Je ne pouvais pas retourner dans la chambre : le corps de cette surnaturelle s’y trouvait encore. Un regard vers le placard : la mare de sang mettait en évidence qu’une innocente venait de perdre la vie. Probablement par ma faute. L’autre tarée l’avait tuée pour m’atteindre.

« Non. C’est elle qui l’a tuée, pas moi. J’aurais subi le même sort si je n’avais pas su me protéger. »

J’ouvris la porte, me baissai et pris dans mes bras le corps sans vie de la femme qui devait être plus jeune que moi. Sa tête bascula en arrière, exposant à ma vue ses plaies béantes de chaque côté de son cou. J’en frissonnai et me forçai à détourner le regard. À grandes enjambées, je rejoignis la chambre et allongeai aussi délicatement que je le pus son corps sans vie. J’aurais pu faire appel à mon pouvoir pour la transporter, mais j’avais grandement puisé dans mes réserves pour survivre à cette attaque. Ainsi fait, je passai le reste du vol assis sur mon siège, immobile, ressassant dans ma tête les derniers événements.

— Monsieur. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous changer ou, au moins, de masquer tout ce sang.

Je levai la tête vers le copilote. Je ne l’avais pas entendu me rejoindre. En suivant son regard, je me rendis compte que mon torse et mes bras nus étaient badigeonnés de traînées rougeâtres. Je me vêtis en piochant dans mes sacs que l’homme avait pris la peine de récupérer pour moi.

Le moment venu, je quittai ce jet pour prendre place dans un autre. Une nouvelle équipe m’accueillit, mais c’est à peine si je leur parlai. Je m’enfermai dans la nouvelle chambre mise à ma disposition en prenant soin d’activer le verrou à défaut de pouvoir placer un meuble devant : personne ne devait entrer. Une fois décrassé, je finis le reste du trajet allongé sur le lit en me forçant à rester éveillé malgré la fatigue, les yeux rivés sur la porte d’entrée, sur le qui-vive, dans l’attente d’une nouvelle attaque qui ne vint pas.

 

***

 

Lorsque nous atterrîmes à l’aéroport de Budapest, j’avais déjà revêtu des vêtements chauds. Je passai ma veste en cuir, mes gants, puis sortis de la pièce ayant représenté mon refuge. Remis du choc causé par cette attaque et fort d’une nouvelle détermination, je sortis.

— Nous espérons que votre séjour en Hongrie se déroulera agréablement, me lança l’une des deux hôtesses de l’air.

« Et moi donc ! »

— Merci, répondis-je aussi froidement que l’était le climat de ce pays en cette saison.

L’instant suivant, je me retrouvais enfin à l’air libre. Je levai mon visage vers le ciel d’un bleu cotonneux, bien aise de simplement pouvoir sentir la chaleur du timide soleil sur mon visage.

— Dis-moi, si tu avais voulu refaire ton bronzage, m’est avis qu’il aurait fallu choisir une destination plus… chaleureuse.

J’ouvris les yeux et les baissai vers l’homme adossé à la berline noire garée en bas des marches.

— Que fais-tu ici ? l’interpellai-je, surpris par sa présence.

— D’après toi ?

Je soupirai avant d’entamer la descente de la passerelle. Mon meilleur ami se redressa, prenant soin de réajuster le manteau noir trois quart qu’il portait sur un costume de la même couleur que je devinais en dessous. Sa garde-robe ne comprenait que ce genre de tenue.

« Ce mec serait prêt à prendre un bain vêtu d’un Armani ! »

Il me fixa de ses yeux noirs et inquisiteurs. Je me tins devant lui, sans détourner le regard. Il était l’une des rares personnes que je laissais m’observer ainsi ; je n’aimais pas qu’on lise en moi. Le silence s’éternisant, il m’interrogea pour le briser :

— Et ton vol ?

— Mortel ! grognai-je avant de contourner la berline en confiant dans le même mouvement les affaires au chauffeur à l’air impassible.

Je m’installai sur la banquette arrière, refermai la porte et attendis que mon ami s’installe à côté de moi. Ce qu’il fit avant de croiser ses longues jambes. Il mesurait à peu près la même taille que moi, soit plus de 1,90 m. Par contre, lui avait une peau mate de par son métissage. Jaro Lafleur était un Jamaïcain dont la lignée remontait à quatre générations. Ses ancêtres étaient des esclaves issus de la traite des Noirs et d’une famille de Français venus s’installer sur l’île au XVIIe siècle. Cette mixité était visible sur les traits de cet homme. Les cheveux noirs portés courts mettaient en valeur son visage fin et rasé.

— Tu comptes me dire ce qui s’est passé ou je dois le deviner ?

— Même avec toute ta folle imagination, tu ne pourrais pas deviner, soupirai-je avant de me tourner à demi vers lui pour lui révéler les faits. Je me suis fait attaquer… par une surnaturelle.

Comme il fallait s’y attendre, il demeura stoïque, ne soulevant même pas un sourcil pour montrer une once d’étonnement. Les mains posées sur son ventre, il attendait simplement que j’en dise davantage.

— Ne me demande même pas ce que c’était que cette nana. Elle avait une queue.

Là, il réagit enfin… en levant un sourcil.

— Et tu ne sais pas comment on nomme ce genre de personne ?

— Arrête tes conneries. Il n’y a pas que le sexe dans la vie.

Je lui racontai dans les grandes lignes ce qui s’était passé avec cette hôtesse, si effectivement elle en avait été une un jour. Jaro m’interrompit quand j’abordai notre séance coquine.

— Pas que le sexe dans la vie, n’est-ce pas ? Simple question : tu t’en es aperçu quand, que la demoiselle avait une queue ? Avant, pendant ou après l’acte en lui-même ? Non. C’est que cela a une importance capitale quant à ton orientation sexuelle.

— Je suis et je serai à jamais hétéro, mon brave, dis-je en posant une main sur mon cœur.

— Ils disent tous ça ! murmura mon ami avant de reprendre d’un ton plus sérieux. Et alors, elle t’a fait quoi, la vilaine, avec sa queue ?

— Elle a voulu me poignarder. Le truc était aussi aiguisé qu’un couteau de boucher.

— J’aurais dû le deviner. Ne dit-on pas que le fait d’enfoncer une lame dans le corps d’un autre reproduit l’acte sexuel ? Qui sait ? Elle voulait peut-être te posséder à son tour de son membre surnaturel.

— Je ne pense pas, non. Elle voulait simplement me voir mort.

— Juste pour information, sa queue, elle était grosse comment ?

— Heu… tu percutes ce que je te dis, là ? Je n’en ai pas l’impression, repris-je, légèrement excédé.

— Eh bien quoi !? Si un jour l’envie me prenait de tenter une nouvelle expérience, autant me renseigner. Très bien, capitula Jaro en levant les mains. Donc, une surnaturelle a voulu te tuer, juste après t’avoir donné du plaisir. Il y a pire comme mort, tu avoueras.

— Mourir empalé ?

— Cela serait une belle mort pour Jaro Lafleur, reprit l’autre, l’air rêveur. Je verrais bien comme épitaphe « Il est mort comme il a toujours vécu : empalé, le sourire aux lèvres. » Du marbre noir, ce serait très bien et…

— Jaro !

— Quoi, si on ne peut même plus rêver ! Tiens, je vais la noter, cette épitaphe, avant de l’oublier.

Il dégaina son smartphone et se mit à pianoter d’une main. Moi, je me pinçai l’arête du nez, tentant de me calmer. Puis je souris malgré moi. Une chose était certaine, mon meilleur ami arrivait à tout me faire oublier, même le fait que je venais de survivre à une tentative de meurtre.

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